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Le chantier d'été

Au sortir de notre périple jusqu’en Angleterre, nous avions prévu de partir jusqu’à Lisbonne. Le but de cette opération était d’accumuler des milles au large (qui nous qualifieraient définitivement pour la Cap Martinique) et de rejoindre en même temps les Journées Mondiales de la Jeunesse début août. Nous allions l’utile à l’agréable. Mais, avant de partir, nous avions du boulot. En effet, après plus de 700 milles nautiques effectués au début de l’été, le bateau avait besoin d’un petit coup de polish. Quelques sujets d’accastillage anecdotiques mais surtout…les safrans !

Depuis plusieurs jours, nos safrans battaient. Un jeu s’était créé entre l’axe du safran et la fixation au bateau. Rien d’alarmant mais nous devions régler ça avant de partir à Lisbonne. Le danger était que le jeu s’amplifie et qu’il finisse par y avoir véritablement de la casse. Alors, on se remonte les manches et on se met au travail.


Nous testons plusieurs méthodes, avec à chaque fois la conviction de son efficacité. Mais après chaque réparation, nous nous rendions compte d’un autre problème dont nous nous étions pas aperçu. Et comme chaque réparation demandait un temps de séchage ou d’usinage, les quelques jours que nous pensions y allouer se sont transformés en semaines. Et la traversée jusqu’à Lisbonne est longue, et nous devions être là avant le début des JMJ.


Mais au bout de plusieurs bidouillages, et des conseils demandés à des pro, nous tenons le bon bout. Vianney fais les derniers réglages et pendant ce temps j’achète les vivres pour la traversée. Plus d’une semaine de nourriture. Je vais aussi chercher du gaz et du méthanol qui nous permettront de nous alimenter en électricité. Les cales et la cuve sont remplies. Une petite heure de séchage et nous partons! Finalement deux heures de séchage… Peut-être trois? Mince, ça ne tient toujours pas. Notre dernière chance est passée, et nous nous rendons à l’évidence : l’ampleur des réparations dépassent nos simples compétences d’étudiants en école de commerce…


La décision d’abandon de la traversée n’a pas été facile à prendre. Nous étions partagé car nous aurions pu partir mais il y avait un risque d’abîmer profondément notre système de safrans au milieu du golfe de Gascogne. Nous ne pouvions pas assumer financièrement un tel scénario. Nous la jouons prudent. Le soir de la prise de décision, nous nous retrouvons sur la plage pour admirer le coucher du soleil, une bonne bière à la main. Nous partageons un sentiment de frustration intense et l’impression d’être démunis, sans bateau, à remettre en question le programme des prochaines semaines.

Le temps presse toujours! Nous avons quelques jours pour trouver quelqu’un qui veuille bien s’occuper de notre bateau, un rendez-vous pour le sortir de l’eau et un endroit où le stocker jusqu’au moment des réparations. Nous nous tournons assez vite, après recommandations, vers Charlie Capelle.

Charlie Capelle est une star. Vainqueur d’une transat en double, de plusieurs Spi-Ouest France, participant plusieurs fois à la route du rhum, multiple vainqueur de la Dhream Cup; mais surtout un constructeur naval de renom. Nous étions sûrs d’être entre de bonnes mains. Aussi, l’endroit de stockage est trouvé, le bateau sorti dans les temps et nous partons de la Bretagne avec un petit pincement au coeur.


Au cours du mois d’août, nous avons pu affiner notre diagnostic du problème. Nous avons interrogé d’anciens propriétaires de JPK 9.60 pour avoir des retours d’expériences, demandé à des architectes navals leur avis et surtout échangé avec Charlie Capelle qui était toujours à notre disposition. Le bilan est moins lourd que ce que nous pensions. Quelques pièces à remplacer et à ajuster pour éviter des frottements, qui à la longue créaient de l'usure, et avaient causé notre souci initial. Nous sommes soulagés et commençons le ponçage et soin des pelles de notre côté. En même temps, des entretoise en teflon sont usinées à Lorient et toutes les parties en inox sont traitées. Nous livrons le kit démonté à Charlie Capelle en fin d’été et laissons l’artiste opérer. Notre objectif est de remettre le bateau à l’eau début Septembre pour assister aux premiers entraînement Orlabay.


En septembre, alors que nous pensions le bateau presque prêt, Charlie nous appelle pour nous dire que les ferrures (qui avaient été produites au Cap Vert) comportent des irrégularités que créent des frottements assez nocifs pour certaines des pièces permettant de stabiliser le système, et un usinage chez un autre prestataire se révèle nécessaire. Rien de grave, mais cela retarde encore la mise à l’eau du bateau et donc nos entraînements. Hâte de nous y remettre !


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